mercredi 24 novembre 2010

Hi Kifak Ca va? Bienvenue a Beyrouth


Beyrouth ville cosmopolite nous accueille avec cette formule populaire en trois langues (anglais arabe francais). Mais nous decouvrons aussi Beyrouth, capitale du groupe electrogene.

Nous avons eu 8 jours pour comprendre quels sont les enjeux énergétiques au Liban. Quelle est la situation, quelles sont les priorités ? Au vue de la quantité de groupes electrogènes qui campent au pied de chaque immeuble on comprend vite que la priorité est de répondre à la demande. Les coupures de courant sont courantes ! Il y a en moyenne 16h d'électricité par jour. Avec de grande disparité dans le pays. En effet si il y a 21h d'électricité par jour dans le centre de Beyrouth il n'y en a que 4h dans certains village de montagne.

Naji nous fait decouvrir sa ville.

Notons que les groupes électrogènes paliant aux coupures sont illégals, nous a bien spécifié Pierre Khoury du ministère de l'Energie et de l'eau. La distribution est un monopôle de l'état. Mais la pratique est tolérée étant donné que le service est défaillant. Voici en résumé les enjeux que le secteur de l'énergie a à surmonter avec une situation issue de la dernière guerre avec le voisin du Sud et de la reprise des activités depuis 4 ans et de la hausse de la demande en énergie.
Nous avons débuté nos recherche en rencontrant Rayan, à 22 ans il a travaillé en relation avec le ministère de l'environnement, avec Greenpeace et prépare une thèse sur la gestion des ressources en eau et l'énergie hydraulique.
On apprend que 90% de l'électricité provient de la combustion de produits pétroliers. Le Liban étant dépourvu de ressources pétrolières il en importe des pays voisins. Une situation de dépendance quasi totale. De plus les installations sont vieillissantes et donc peu efficaces. Cette situation est le résultat de plusieurs guerres et d'années de conflits qui ont détruit les infrastructures existantes et ont rongé la capacité du Liban à produire suffisamment d'électricité pour tous.
Nous nous sommes rendu à la centrale de Zouk qui devrait être fermé depuis 2 ans. Une centrale inefficace et polluante mais le Liban déjà en déficit énergétique ne peut se passer de cet apport en énergie.
Livraison de petrole a la centrale de Zouk.
Rayan nous explique qu'un plan énegétique pour les 5 ans à venir à été voté. Il s'agit dans un premier temps de répondre à la demande avec la construction de deux centrales électriques de cogénération fonctionnant au gaz. Puis d'augmenter l'efficacité des systèmes existants et enfin de travailler sur la diminution du gaspillage d'énergie et le développement des énergies renouvellables. Elles présentent l'intêret pour ce pays sans ressources fossiles de garantir un peu d'indépendance. Les chauffes eaux solaires ont un grand potentiel, l'ensoleillement est de 300 jours par an, on en profite d'ailleurs ces jours-ci. L'éolien peut aussi se développer dans les vallées libanaises.
Les intentions sont bonnes dans ce plan énergétique mais c'est les moyens financiers et surtout humains qui manquent pour l'appliquer. De plus l'approvisionnement en gaz des deux nouvelles centrales n'est pas réaliser car les promesses de la Syrie et de l'Egypte de revente de leur gaz ont été revues à la baisse... Il est à esperer dans les années à venir ce plan se met en place dans l'intêret de tous. Et comme nous l'explique Pierre Khoury l'accent a été mit sur l'efficacité énergétique. Pour un pays qui importe l'énergie on comprend qu'il est préférable de réduire sa consommation que d'augmenter les moyens de productions.
Souk de Saida (Sud de Beyrouth)
Nous apprenons beaucoup sur l'histoire tourmentée du Liban... Les conflits avec Israel mais aussi la guerre civile qui dura 14 ans en discutant avec Naji qui nous a hébergé à Beirut et Vrouyr à Adonis. Nous découvrons aussi l'infini variété des plats libanais, nos papilles ne savent plus où donner de la tête!
Nous partageons un narguile avec Vrouyr.
Nous quittons deja le Liban. Comme nous vous l'expliquions dans l'article precedent, nous prenons demain matin un avion pour l'Inde. De nouvelles aventures commencent!

vendredi 19 novembre 2010

Nous ne trouvons plus la route de l'Inde...

Nous vous écrivons bien installé dans un canapé, dans le centre de Beirut, Liban... Comment sommes nous arrivés là ? Depuis la dernière fois... il y a eu beaucoup de péripéties.
Depuis Antalya nous avons continué notre route vers l'Est. Nous nous attendions à avancer facilement sur la route qui longe la côte méditerrannée. Le problème c'est que nous ne sommes pas les seuls à vouloir profiter de cet endroit et les dizaines de kilomètres d'hotels qui longent les plages ne sont pas un terrain propice pour l'autostop. Nous devions avancer, on est alors monté dans une série de bus qui nous ont fait passé les trois jours qui suivirent entre gares routières et position « genoux dans le dossier » dans les bus.

Valée près de Gazientep

Ce petit manège nous a conduit à Gaziantep. Ici nous sommes à 60 kilomètres de la frontière Syrienne, pays que nous voulions traversés pour nous rendre au Liban. Il n'en a rien été, visa refusé !
Désappointement... Découragement... Impuissance...


Ne voir aucun message particulier dans ce cliché !

Notre passage par l'Arabie Saoudite était déjà compromis pour les mêmes raisons. Pour rejoindre l'Inde il y a aussi a possibilité de passer par l'Iran et le Pakistan. Le Pakistan ne délivre pas de visa non plus.
Déjà, dans le bus de notre retour de la frontière Syrienne, nous faisons connaissance de Bulent et notre bonne étoile reprend le dessus. Nous expérimentons une nouvelle fois l'hospitalitée Turque.

La route pour l'Inde semble ne plus exister par la voie terrestre. Nous avions déjà du à contre coeur nous rabattre sur l'avion pour gagner l'Inde à partir de Beirut. Le refus que nous avons essuyé à la frontière Syrienne mettait une nouvelle fois à plat nos plans. De plus la voie maritime pour rejoindre le Liban est bloquée du fait des tensions autour de la bande de Gaza. Il n'y a pas de solution. Nous devions prendre l'avion à partir de la Turquie pour rejoindre l'Inde, ce qui n'est en rien un gain de temps pour le projet. La région du Moyen Orient joue un rôle important dans le monde de l'énergie.
C'est donc ainsi, le Moyen Orient nous est interdit. Quel dommage. Néanmoins puisque le vol entre la Turquie et l'Inde survol le Moyen Orient nous avons décidé de faire escale au Liban. Un pays acceuillant et une situation qui en dit long sur ce que représente l'énergie.

Voilà comment nous nous retrouvons à Beirut ce soir. Voilà comment notre bilan carbone en prend un sacré coup. Après 5 mois de transports doux, le projet se trouve confronté à la réalité du terrain.




Place des martyrs, en mémoire de la guerre civile, Beyrouth
Beyrouth

mercredi 10 novembre 2010

Géothermie à la mode, energy underground!


Après un weekend dans la ville côtière d’Izmir nous prenons la route pour l’intérieur des terres pour visiter la centrale géothermique de Salavatlı et ses deux unités Dora 1 et Dora 2, respectivement d’une puissance de 7,5 et 10MW. Les avantages de cette source énergétique sont multiples, tout d’abord c’est une source renouvelable, pas d’intermittence (en comparaison aux éoliennes par exemple) et assez simple à exploiter.

Dora 1

Dans la région autour de la ville d’Aydin le sous-sol possède de nombreux réservoirs d’eau chaude. L’eau dans le sous sol exploitée à 800 mètres de profondeur est de 210°C. Selon les forages, la tempétrature et les débits peuvent variés de sortes qu’on ne peut déterminer qu’après avoir foré la puissance de la centrale qui sera construire.

forage en cours

Mais avant de nous rendre dans la centrale elle-même, Niyazi Aksoy, nous emène sur un lieu de forage justement. C’était le 30eme puit de prospection pour la construction d’une nouvelle centrale. Plusieurs sont percés, le plus efficace sera choisi. La Turquie a voté il y a trois ans une nouvelle loi rendant plus facile les investissement et l’acquisition de licence pour l’exploitation de la ressource géothermique.

puit non utilise

Comment passe t on de la chaleur à l’électricité ? Dans cette centrale dites binaire (Dora1 et Dora2) le fonctionnement se rapproche de celui d’un réfrigérateur. Elle fonctionne en circuit fermé, il n’y a donc pas de rejet de vapeur dans l’environnement. L’eau chaude du sous-sol sert à réchauffer le fluide qui passe donc à l’état gazeux, ce gaz passe dans une turbine, faisant tourner un axe relié à un générateur qui lui produit l’électricité qui est envoyée au réseau. Une fois passé dans la turbine le fluide passe à travers un compresseur et les tours de refroidissement et redeviens liquide. L’eau une fois utilisée est réinjectée dans le sous-sol. Le cycle est ainsi fait.

refroidissement par air

Il existe d’autres types de centrale dites en circuit ouvert où la vapeur d’eau du sous-sol est utilisée directement dans les turbines. On les reconnait bien, contrairement à celles fonctionnant en cycle fermé, un panache de vapeur d’eau s’y échappe.

Nous avons vu en France à Soultz sous forêts une centrale géothermique mais d’un autre genre qui présentait des risques au niveau sismique du aux fortes pressions mise en jeu pour faire circuler l’eau. Ici les réservoirs existent déjà, il n’y a donc pas besoin d’injecter de l’eau à forte pression.

Le seul regret : cette source est malheureusement disponible qu’à quelques endroits spécifiques… Pour la Turquie le potentiel de la géothermie est de 1,5GW pour l’électricité (plus d’une centrale nucléaire) et un potentiel plus important en thermique (chaleur pour chauffer les maisons) mais le climat est clément par ici et donc cette source de chaleur n’est pas très utilisée ici. Néanmoins nous étions à Izmir auparavant, la-bas un réseau de chaleur urbain alimente 25 000 habitations en chaleur venue du sol et puis des serres agricoles utilisent aussi cette source.
Après avoir vu chaque recoin de la centrale nous nous sommes remis en route vers le sud est. Nous sommes maintenant à Antalya sur le bord de la méditérannée et allons longer la côte vers l’est jusqu’à notre prochaine étape. On comprend pourquoi l’énergie thermique n’est pas nécessaire, mi-novembre à 8h du matin la température était de 20°C !

Nous commençons une longue traversée de la Turquie, d’Ouest en Est, près de 1500 kilomètres. Cette route devrait nous amener au barrage d’Ataturk, un personnage historique important ici. Nous longerons la côte méditerranéenne et avec l’aperçu que nous en avons ici à Antalya, à votre place, j’attendrais impatiemment les photos de notre prochain article !

village proche de la centrale ou se deroule aussi des combats de chameaux!

Naci et Semra qui nous ont accueillis a Izmir

Toujours autant de belles rencontres sur la route et que de tchai offert!

vendredi 5 novembre 2010

L'énergie, un droit social ou une commodité?


Le soleil était présent à Ankara, même si ce n'est pas pour lui que nous sommes restés quelques jours de plus. D'ailleurs on vous l'offre généreusement dans cette photo, alors que l'hiver s'installe chez vous. Non, nous avons rendez-vous avec Serdal Bahce à l'Université d'Ankara. Professeur au département de sciences sociales, il a réalisé sa thése sur la libéralisation et la régulation du marché de l'électricité. Les choix énergétiques sont, nous l'observons de plus en plus, conditionnés aussi par l'environnement social. Le double regard du Professeur Bahce nous éclaire sur la politique énergétique.
Que faut-il choisir? Des sources d'énergies ponctuelles comme le nucléaire, les grosses centrales thermiques permettant d'alimenter d'un coup des grandes parties du pays... où se pencher vers le locale, plus vers des sources renouvelables, plus cher, mais pas toujours, plus proche des activités à alimenter. De quoi a besoin le pays?

Prof. Serdal Bahce, Université d'Ankara

Doit-on penser l'énergie comme un droit social ou comme une commodité? En d'autres termes, le pays doit-il assurer à chacun de ses citoyens un approvisionnement en énergie de base, ou l'énergie doit-elle être considérée comme un investissement que l'on fait quand on en a les moyens? Serdal Bahce croit au droit social. L'état devrait assurer à chacun des citoyens une alimentation en énergie de base parce que l'énergie est nécessaire à chacune des activités humaines.

Un niveau de vie élevé ne correspond pas forcément à une forte consommation d'énergie. Aucune activité ne peut être pérennisé si une alimentaion en énergie de base n'est pas assurée.
De plus, les sources d'énergies locales sont pour lui un bon moyen de fournir cet approvisionnement de base. Produire proche du consommateur c'est prévenir les gachis et une relation plus efficace entre producteur et consommateur.

Pour aller plus loin, on peut se poser la question, comment se fait-il que nous payons le même prix l'électricité vraiment nécessaire et l'électricité qui sert à chauffer une piscine? S'il existait une différence, on se rendrait vite compte où est notre alimentation de base et on verrait mieux où peuvent être faites les économies.

Thé et repas autour d'une table familiale, sur la route d'Izmir.

En parlant de sociétés et d'énergie, il est maintenant temps de reprendre la route et de partir à la rencntre de la société Turque. Nous tendons le pouce en partant d'Ankara pour nous rendre à Izmir, sur la côte ouest. C'est avec un certain plaisir que nous regoutons à notre moyen de transport préféré. Nous ne serons pas déçu, beaucoup de belles rencontres sur la route. Jeudi soir nous sommes déjà à destination. Nous sommes logé chez Uwe, ingénieur d'origine allemande. Le lendemain il nous fera visité l'usine d'éoliennes qu'il a contribué à mettre sur pied. Uwe monte les projets d'implantations des fermes éoliennes. Il a implanté 1% du parc éolien en Allemagne! Ce n'est pas rien! Il connait bien la situation en Turquie, un point de vue qu'il a été intéressant de recueillir.

Nous avons abordés beaucoup de sujets. Il nous racontait comment dans les années 90 il devait se battre pour pouvoir installer une éolienne et que mainteant les projets pleuvent. Ici en Turquie il décrit la manière dont les gens l'acceuil par cette phrase:

"Ils nous disent: mais où étiez vous ces dix dernières années?"

La Turquie a le second potentiel éolien en Europe après le Royaume Uni. Mais Uwe reste conscient que l'éolien n'est pas la solution miracle mais que c'est un acteur du mix énergétique (une source parmis d'autres qu'il faut mettre en place pour réussir la transition énergétique). Pourquoi ne fait-on pas plus d'effort pour sortir du pétrole?

"Le pétrole est un produit trop précieux pour le brûler"

Avec le pétrole on peut faire des médicaments, du plastique recyclable et quoi d'autre dans l'avenir?

Trêve de démonstration. Vous voulez voir à quoi ressemble une usine d'éoliennes?

Tôle de 6 centimètres d'épaisseur. Elle sera arrondie par de puissantes machines. A la base du pilier porteur les tôles sont les plus épaisses, en haut, les plus fines.

En fait ici on fabrique les "poteaux" (ou tours) qui maintiennent à 100 mètres de haut la génératrice et les pâles de 49 mètres de long. Une tour pèse plus de 220 tonnes et une pâle plus de 7 tonnes... Des dimensions hallucinantes. Une éoliennes coûte environ 1 millions d'euro pour une capacité d'un MégaWatt (donc environ 2,5 millions pour 2,5MW). Ces éoliennes font 2,5 MWatts. Avec un revenu de l'ordre de 800 000 à 1millions d'euro par an, on peut raisonnablement dire que l'installation est amortie entre 3 ans et demi et quatre ans (d'autres coûts s'ajoutent). C'est donc une installation plutôt rentable.

Les ouvriers assemblent les premiers tronçons de ces tubes de 100 mètres de long supportant générateurs et pâles.

Ce fabricant s'est lancé dans la construction d'éoliennes il y a deux ans seulement. L'entreprise s'est reconvertie, avant elle oeuvrait dans la construction. Elle ouvre déjà une nouvelle usine pour lui permettre de fournir 100 tours d'éolienne par an (il faut 5 à 6 semaines pour en fabriquer une). D'une capacité de 2,5 MW chacune, c'est donc un potentiel de 250 MW par an, soit si le vent soufflait toute l'année l'équivalent de la moitié de la centrale à charbon toute neuve que nous avons visité en Bulgarie.


Les vagabonds se dressent fièrement au bout de cette pâle de 39 mètres de long. On peut apercevoir les deux cercles métaliques destiné à réceptionner les éclairs lors des orages, ceux-ci sont reliés à la terre.

Avez vous déjà vu l'intérieur d'une pâle d'éolienne? Une exclusivité vagabonde:

Composé de fibre de verre, la structure rectangulaire reçoit toute la charge le reste ne fait que quelques centimètres d'épaisseur.

L'usine a de beau jour devant elle. Comme nous vous le disions la Turquie a le second potentiel Européen pour l'énergie éolienne. Mais elle possède aussi le second potentiel pour l'énergie solaire après l'espagne. Et si elle a la première place au niveau du potentiel en énergie renouvelable c'est aussi parce qu'elle possède la seconde place au niveau de l'énergie géothermique.

Savez vous à quoi ressemble une centrale géothermique? Non? Nous non plus. Mais dès lundi nous allons remédier à cette facheuse lacune. Affaire à suivre...